Noir

On ne l'est jamais assez.

On croit que, on s'agite dans le merdier, on ne croit plus ou pas, on s'agite quand même parce que, on est stupide, on devrait.

Rien.

L'agitation est le seul point fixe.

On devrait

s'immobiliser éteindre la lumière et attendre que ça se passe

se taire

se cacher

courir les bois

fuir.

Il n'y a pas de bois.

Courir le vide.

Comments

[Jac]

Les éléments plus sûrs que nous-mêmes, oui, et c'est justement quand on respire à leur rythme, qu'on pose nos chimères en leur sein, les arbres, le vent, la pluie, les ciels gris, les feuilles
ruisselantes ou les branches nues où tremblent les larmes de tout ce qui s'est perdu, les nuages qui courent et nous balaient de leur souffle, les gouttes chaudes ou glacées qui crépitent autour
de nous... c'est justement là, comme ça, qu'on se sent vivre.

[La Chimère]

Peux pas mieux dire.

[Jac]

Si, il y a des bois, et la chouette allumée sait où, et ils ne sont pas toujours noirs et même s'ils sont noirs, ils sont beaux, et dans les bois, il y a des arbres et les arbres sont tout ; ils
sont, l'été, bruissants, l'hiver, poignants, au printemps, émouvants et en automne, rutilants. Les arbres sont vivants, ils sont là pour ceux qui savent... ils sont des berceaux pour ceux qui
pleurent... ils sont des cadeaux pour ceux qui doutent... ils sont.

[La Chimère]

Ils sont, oui.


Et des berceaux pour la fin, oui : pour quand on a tout perdu et qu'on est fatigué. Les éléments, plus sûrs que nous-mêmes, d'une nature qui nous constitue entièrement et à quoi on revient -
à quoi on se résume, qu'on le veuille ou non.